Entretien avec Maud Lelièvre, présidente du comité français de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN). 

Journaliste : Il ne reste plus que 4 % de mammifères sauvages sur la planète. Avez-vous une bonne nouvelle sur la biodiversité ? 

Maud Lelièvre : Nous venons d’apprendre qu’il n’existe pas une espèce d’éléphant d’Afrique, mais deux. Celle de la savane et celle de la forêt. N’est-ce pas formidable de découvrir encore des choses sur un animal aussi emblématique pour la conservation de la faune sauvage ? 

Journaliste : La crise du Covid-19 a balayé tous les sommets internationaux de 2020. A-t-elle sapé les efforts de ces quatre dernières années ? 

M.L : C’est le contraire qui s’est passé. Cet te zoonose a montré l’importance du lien entre la santé des hommes et des autres espèces vivantes. Depuis des années, les scientifiques avertissaient des dangers de la disparition du monde sauvage et peinaient à convaincre que la biodiversité n’était pas qu’une sous-composante de l’environnement et du climat. 

Aujourd’hui, la prise de conscience est là et c’est une tendance de fond. Les gens sont de plus en plus nombreux à compter les oiseaux ; l’Euro pe légifère pour protéger les vieilles forêts d’Europe et la France se dote d’aires marines protégées, de juges spécialisés dans l’environnement. 

Journaliste : Quels sont les grands enjeux de 2021 ? 

M.L : Le Congrès mondial de la nature de l’IUCN se tiendraàMarseille, du 3 au 11 septembre. C’est une étape cru ciale pour se mettre d’accord sur des engagements communs avant que les dirigeants se réunissent à la COP15 de la biodiversité en Chine, en octobre.

Journaliste : Quels grands engagements de l’UICN ont été déterminants ? 

M.L : Depuis sa création (en 1948), l’UICN a contribué à créer de nombreuses conventions internationales, pour protéger les zones humides (Ramsar) ou pour lutter contre le commerce des espèces sauvages menacées d’extinction (Cites). En 1992, est le climat. 

Les travaux des 18 000 experts de l’UICN ont aussi débouché sur de nombreuses mesures de protection et démontré que la nature, bien qu’accessible et gratuite, a un prix. Ces apports sont souvent moins con nus que nos grands indicateurs, com me la liste rouge des espèces menacées. 

Journaliste : Parmi les dix-huit mesures que la France portera à Marseille, laquelle vous tient à cœur ? 

M.L : Je suis aussi une élue (à Paris ) et un sujet de gouvernance me tient à cœur : celle de faire entrer les collectivités locals dans l’UICN, en temps que membre, au même titre que des État ou des ONG. Au congrès d’Hawaï, certains pays, très centralisateurs, s’étaient montrés frileux. Pourtant, les collectivités locales jouent un rôle de plus en plus prépondérant : elles s’impliquent pour bannir les pesticides de leur territoire, cartographier la faune et la flore locales, lutter contre l’artificialisation de leur sol.

Journaliste : Ce jeudi, c’est la Journée des abeilles?Vont-elles bien ? 

M.L : Nous allons justement lancer de nouvelles évaluations sur les abeilles de métropole, pour un prochain chapitre de la liste rouge. Celui qui arrive, en juin, sera consacré aux mollusques. 

Recueilli par Christelle GUIBERT. 

Lire l’article sur Ouest-France.

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